Je reprends mon doctorat
C'est une évolution inattendue que j'accueille avec enthousiasme
✨ En bref
• Après n'avoir pas pu soutenir mon doctorat, principalement à cause de raisons académiques en dehors de mon contrôle, à ma grande surprise, j'ai repris depuis le 1er septembre 2025 un doctorat — cette fois-ci au CEREFIGE, à l'Université de Lorraine.
• Sous la direction de Patrice Laroche et d'Anne Stévenot, je vais étudier l'influence des incitations sociales et des réseaux sur le comportement et l'expression des individus au travail, à l'aide d'outils théoriques, empiriques, et, possiblement, expérimentaux.
• Je vais régulièrement voyager, y compris pour un visiting à définir et pour lequel je suis ouvert aux opportunités, en Europe et au Canada, Québec inclus. Pour des raisons de sûreté, je ne voyagerai pas aux États-Unis.
• Je continuerai mon activité sur Bluesky à @o.simardcasanova.net. Pour rester en contact, vous pouvez également vous abonner à ma newsletter.
Chère lectrice, cher lecteur,
Avant que la covid ne frappe, j'étais doctorant à l'Université de Strasbourg. Alors que je me suis en partie éloigné du milieu académique pendant la pandémie et après, je n'ai en réalité jamais pu soutenir mon doctorat.
Du fait de raisons multiples, principalement académiques, toutes en dehors de mon contrôle, et bien que j'eus complété plus de 90 % de mon manuscrit de thèse, je n'ai jamais pu le soutenir. Au début, je l'ai vécu comme une frustration : tout ce travail dont je ne pourrais pas tirer profit autant que je le mérite. Au bout d'un temps, j'ai fait la paix et accepté cette réalité, et je suis reparti de l'avant avec ma carrière. Mais, la vie, ou, dans mon cas, le milieu académique, a trouvé un chemin.
À ma grande surprise, il y a un an, je suis retourné dans le milieu académique. Pas comme chercheur, mais comme ingénieur d'études : le CEREFIGE, le laboratoire de gestion de l'Université de Lorraine, avait besoin d'une personne avec de solides compétences en R et en statistiques pour travailler sur des projets de recherche.

Le plus important de ces projets est un projet ANR appelé WAVE. WAVE est dirigé par Patrice Laroche et codirigé par Anne Stévenot ; il étudie, au travers du concept de voice, comment les salariés s'expriment sur leur lieu de travail.

Mon doctorat jamais soutenu étudiait les interactions entre les incitations monétaires et non monétaires au travail. Dès le départ, il était évident que le projet ANR et mes centres d'intérêts scientifiques étaient fort alignés. Le fait que Patrice et Anne utilisent de nombreuses méthodes économétriques et d'inférence causale a rendu l'alignement encore plus grand.
Le projet ANR a été budgété avec un financement doctoral. Pendant l'entretien d'embauche pour le poste d'ingénieur statisticien, Anne et Patrice m'ont demandé si j'étais intéressé par ce financement doctoral. À l'époque, ma réponse avait été un « non » clair ; comme ma première tentative doctorale avait abouti à une déception et à une injustice, je ne souhaitais pas retenter l'expérience. Cependant, il est rapidement devenu clair que Patrice et Anne, et le CEREFIGE plus généralement, me donneraient le soutien et les moyens dont j'ai besoin pour commencer d'exprimer l'étendue de mon potentiel et de ma vision académiques.
De fait, il y a quelques mois, ma réponse à la question d'Anne et Patrice a changé — et j'ai dit « oui ». Après avoir franchi un nombre spectaculaire d'obstacles administratifs, au 1er septembre 2025, j'ai débuté un contrat doctoral de trois ans au CEREFIGE, à l'Université de Lorraine. Sous la supervision jointe de Patrice et d'Anne, je vais étudier comment les incitations sociales en général, et les réseaux sociaux interpersonnels en particulier, influencent l'expression et le comportement des individus sur leur lieu de travail. Mon travail sera théorique et empirique — et, possiblement, expérimental. Comme c'était déjà le cas avec ma première tentative de doctorat, ma recherche sera à l'intersection de la science économique et de la gestion, dans un sous-champ qui s'appelle l'économie du personnel.
Dans la mesure où je ne suis pas un « nouveau » doctorant, ma productivité scientifique sera élevée dès le départ. Je sais déjà écrire un article, je sais faire des présentations scientifiques, je sais coder, je sais écrire un modèle, et ainsi de suite. J'ai aussi l'expérience du milieu académique international en économie, une compétence qu'il n'est pas trivial d'apprendre…
De toute évidence, je suis ravi de reprendre une activité de recherche et de continuer à travailler avec Anne et Patrice au CEREFIGE. J'ai conscience qu'il est rare d'avoir une seconde opportunité pour mener un doctorat à son terme, une opportunité d'autant plus rare compte tenu des conditions que le CEREFIGE me fournit — ce qui me rend particulièrement reconnaissant. Je suis également enthousiaste de pouvoir enfin utiliser la théorie des réseaux dans mes travaux de recherche, un ensemble d'outils théoriques que je regarde du coin de l'œil depuis plus de dix ans.
Cette seconde chance transforme mes perspectives de carrière — pour le meilleur. Alors qu'une carrière académique traditionnelle n'était pas envisageable puisque je n'avais jamais soutenu mon doctorat, une telle carrière est redevenue une possibilité. Je vais avoir trois ans pour identifier ce que je veux faire du reste de ma vie (pas de pression…) et pour planifier l'avenir en conséquence. Et, contrairement à ma première tentative, cette fois-ci, une carrière académique fait franchement partie des options que j'envisage — c'est même, à ce stade, mon option préférée, même si c'est une préférence susceptible d'évoluer.
Durant les trois années à venir, je vais régulièrement voyager, autant pour des conférences que pour un visiting (pour lequel je n'ai pas encore de plans définis, je suis donc à l'écoute de suggestions que d'opportunités), en Europe et au Canada. J'ai d'ores et déjà participé à un évènement scientifique à Belval, au Luxembourg, et c'était un vrai plaisir que de renouer avec des collègues chercheurs.
Du fait de mon histoire personnelle, je me sens obligé d'écrire quelques mots sur les États-Unis. Avant la covid, j'y allais régulièrement pour assister à des évènements scientifiques ; j'y ai des amis, des collègues, j'y ai même cherché du travail. Même si reprendre ces voyages serait une continuation logique, c'est, pour le moment, absolument hors de question. Les États-Unis sont devenus un pays dangereux pour les étrangers, et d'autant plus pour les chercheurs queer pro-démocratie qui s'opposent au fascisme, à l'autoritarisme, et aux abjectes attaques contre la science et la liberté d'expression lancées par Donald Trump et ses sbires. C'est la raison pour laquelle je déplace progressivement mon attention vers l'Europe et le Canada — Québec inclus, puisque le français est ma langue natale.
En parlant de lieux en train de se délabrer sous les assauts d'idiots allumés d'extrême-droite, que Twitter soit mort et enterré depuis longtemps ne veut pas dire que j'ai disparu. Je suis au contraire bien actif sur Bluesky à @o.simardcasanova.net, où vous pouvez me suivre. Je partage régulièrement des blagues à propos de la science économique et du milieu académique, des comptes-rendus de conférence, et d'autres choses en lien avec mes centres d'intérêt scientifiques. Je n'ai rien à annoncer à ce stade ; mais j'explore comment Bluesky, et plus précisément le protocole ouvert AT Protocol sur lequel la plateforme est bâtie, peuvent contribuer à rendre la science plus ouverte, plus transparente et plus reproductible.
"Ça n'est qu'une question de temps avant qu'Olivier ne mentionne Bluesky encore une fois."
— Littéralement tous mes collègues de l'Université de Lorraine
Concernant ma newsletter en français, elle va rester, pour le moment, en jachère. Dans le passé, ma newsletter était la plus importante newsletter de vulgarisation française de la science économique. Mais, le harcèlement quasiment constant que j'ai reçu sur les réseaux sociaux, principalement du fait d'imbéciles allumés d'extrême-gauche, dont certains titulaires d'un doctorat, a fini par me décourager. Je souhaite continuer à participer au débat public, même si je ne désire plus autant m'adresser directement au très grand public. Dans cette veine, j'ai des idées pour ma newsletter en anglais. Cependant, avant de les concrétiser, je m'adjoindrai dès le départ les services d'un avocat ou d'une avocate pour répondre au harcèlement devant les tribunaux. A minima, j'utiliserai ma newsletter francophone pour partager des nouvelles en lien avec ma carrière et mes projets. N'hésitez pas à vous y abonner.
Si vous êtes déjà abonnée ou abonné à ma newsletter en français, vous pouvez activer la réception de mes articles en anglais.
J'aimerais conclure cette annonce avec plusieurs mentions et remerciements.
La première mention va à toutes les personnes que j'ai rencontrées grâce à feu #EconTwitter. Je n'exagère pas en disant que chacune de ces personnes est une raison qui fait que je n'ai jamais abandonné la science économique, malgré tous les obstacles que j'ai rencontrés. Il est bien triste que Twitter n'existe plus, mais le fait est que #EconTwitter a littéralement changé ma vie — pour le meilleur. Son héritage aura des effets de longue durée sur ma carrière — et, j'en suis sûr, sur la carrière de nombreuses et nombreux autres économistes.
Mes remerciements vont également à Patrice et Anne, à Romain, Vincent, Laurence, Mathieu, et à toutes les personnes qui, au CEREFIGE, ont œuvré pour que cette seconde opportunité devienne une réalité.
Enfin, mes remerciements les plus chaleureux vont à mon ami et à mon complice Louis Fréget. C'est lui qui a allumé l'étincelle de mon retour dans le milieu académique, en me suggérant, avec sa délicatesse et sa subtilité habituelles, que, peut-être, le milieu académique avait encore des choses à m'offrir. Et le fait est qu'il avait raison ! Merci à toi, Louis.
Je vous dis à bientôt sur Bluesky, en personne lors d'un évènement scientifique, ou dans ma newsletter.
Olivier